Parlement : qui sont les élus de Podemos ?

Parlement :

Qui sont les élus de Podemos?

Avec les élections générales de décembre 2015, Podemos a investi les bancs du parlement espagnol : amener la “rue” dans les institutions, bousculer l’élite au pouvoir, un mantra ressassé à l’envi par la communication du parti. Mais ces élus sont-ils aussi représentatifs du peuple, et différents de l’élite traditionnelle qu’ils le prétendent? Réponse en chiffres. 

Par Camille Laffont
Une enquête de Camille Laffont et Maurice Midena. Photos : Dani Gago
A Madrid
Vendredi 4 mars 2016

COMPOSITION ET INFLUENCE DU GROUPE PODEMOS AU CONGRES :

Seuls quarante-deux députés ont été élus sous une étiquette proprement Podemos. Les vingt-sept autres sont issus des coalitions En comu podem, Compromis, et En Marea, formées localement (Catalogne, Valence et Galice) en vue des élections législatives.

QUI ILS SONT, ET D’OU ILS VIENNENT : 

LES NIVEAUX D’ETUDES ET LES PARCOURS PROFESSIONNELS :

Le niveau moyen d’étude est plus élevé que celui des élus des partis traditionnels : parmi les députés du précédent parlement (2011 – 2015), 7 % étaient titulaires d’un doctorat, 5 % d’un master, et 67 % d’une licence. Chez Podemos, les doctorants composent presque le quart du groupe parlementaire (9 élus sur 42). A commencer par Pablo Iglesias, le leader du parti, et la quasi-totalité des membre fondateurs, dont le numéro , Iñigo Errejon. Seulement deux élus issus de la formation professionnelle : Alberto Rodriguez, ouvrier industriel, et Juan Antonio Delgado, gendarme.

A titre de comparaison, 43 % des espagnols entre 25 et 64 ans ont arrêté leurs études à la fin du collège, et seuls 29 % sont diplômés de l’université. Si le parti prétend amener la “rue” jusque dans les institutions, les niveaux d’études de ses élus est donc peu représentatif de la population espagnole.

Presque la moitié (47 %) des députés du Parti Populaire ont suivi des études de droit, contre 19 % chez Podemos. Les sciences politiques arrivent en deuxième position, avec 6 % des élus PP, et 11 % des élus Podemos. Les cursus restent globalement semblables : droit, sciences politiques, sociologie, et médecine sont communs à 67 % des députés du PP, et 45 % des députés Podemos.

Les avocats étaient majoritaires dans le précédent parlement (14,2 %). Ils composent toujours 11 % du groupe Podemos. Les universitaires étaient la deuxième catégorie la plus représentée, avec 6 % des élus : ils forment aujourd’hui le quart du groupe Podemos (23 %).

On trouve une même minorité de journalistes, de magistrats et d’ingénieurs dans les rangs des deux partis. Podemos se démarque surtout par quelques profils atypiques : un gendarme, une chômeuse, une étudiante, une apprentie, une libraire et deux réalisateurs. Ces “exceptions” par rapport à l’élite traditionnelle ne composent que 16 % du groupe.

LA PARITE HOMMES/FEMMES :

Le groupe Podemos se distingue par une égalité quasi-parfaite entre élus hommes et femmes. Le parti, qui avait été critiqué en 2015 pour avoir nommé une majorité d’hommes à la tête des municipalités remportées aux élections, a entrepris des efforts pour son passage au niveau national. Avec 48 % de femmes, il est le parti le plus paritaire du Congrès, devançant le PSOE (46 % de femmes), et le PP (36 %).

LES NIVEAUX DE SALAIRES ET DE RICHESSE :

En se fiant à leurs déclarations de biens, on peut établir que les députés Podemos gagnaient en moyenne 26940 euros par an, soit 2166 euros par mois, avant leur entrée au congrès. Le triple du salaire minimum espagnol (700 euros mensuels), et un peu plus que le salaire moyen, qui s’établit à 26162 euros annuels, soit 2100 euros par mois.

Après Pablo Iglesias, qui bénéficie de ses multiples revenus télévisuels et publicitaires, les élus les plus riches sont les magistrats Juan Pedro Yllanes et Maria Rosell Aguilar. Avec la politique de limitation des salaires des élus mise en place par leur parti (2100 euros), leurs revenus ont nettement baissé depuis leur entrée au congrès.

Parmi les plus fauchés, on trouve l’ancienne chômeuse Rosa Alonso, députée de Cantabrie, et la réalisatrice Sofia Castañon, députée des Asturies, qui n’a déclaré aucun revenu en 2015.

LE DEPUTE « TYPE » DE PODEMOS :

C’est un homme de quarante ans, qui a étudié le droit ou les sciences politiques, est titulaire d’un master, roule en Peugeot, et gagne environ 2000 euros par mois.

L’élu qui correspond le mieux à ces critères est…

Rafael Mayoral Perales, député de Madrid

LE DEPUTE « ATYPIQUE » :

Juan Antonio Delgado, député de Cadiz
Son portrait, par Camille Laffont

LE « CERVEAU » :

Iñigo Errejon, député de Madrid
Son portrait, par Maurice Midena